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L’Enorme responsabilité de la Russie

L’Enorme responsabilité de la Russie

New Eastern Outlook
18 Octobre, 2015
Traduction par Jean-Maxime Corneille, article exclusif initial pour le magazine en ligne “New Eastern Outlook” 

La décision russe d’en arriver à un soutien militaire direct au Gouvernement de Damas a significativement changé la donne géopolitique mondiale. Pour le moment, Washington a choisi de ne réagir que par les mots, tout en planifiant sans doute soigneusement son prochain coup. L'intervention russe a rendu publique la fraude que constitue la position américaine dans le Moyen-Orient et montré au monde que Washington ment, qu'elle soutient les mêmes terroristes que ceux qui auraient été prétendument derrière les attaques du 11 Septembre 2001 à New York et contre le Pentagone. La question décisive est maintenant : quel plan stratégique a donc Moscou en vue de favoriser la paix dans le monde, après la défaite de l'EI?

D’un point de vue tactique, la Russie a exécuté un mouvement aussi inattendu que brillant afin de contrer l'agenda guerrier de certains très mauvais cercles de décision aux Etats-Unis, par son invitation adressée à Washington en vue de former une coalition commune visant à combattre les terroristes en Syrie, et à mener une véritable « guerre contre la terreur »1, une offre immédiatement rejetée par le Président Barack Obama. En acceptant ainsi l'invitation du Gouvernement légitime de Bachar al-Assad, en vue de l’aider à combattre le grave danger que représente l'EI, Al-Qaïda (le Front al-Nusra), ainsi que de nombreux autres gangs de terroristes hors la loi (la plupart constitués de mercenaires étrangers d’au moins 80 pays, voire de psychopathes), la Russie respecte scrupuleusement la Charte des Nations Unies. De leur côté, les États-Unis qui a été bombardé une nation souveraine durant plus d'un an sans autorisation, ne respectent pas le droit international.

Ainsi que le Président russe Vladimir Poutine l’a répété depuis plusieurs années, Washington et ceux qui contrôlent la politique de Washington poursuivent une certaine forme de ce qu'ils aiment appeler la « Destinée Manifeste » de l'Amérique2, même depuis la dissolution de l'Union soviétique et de l'alliance militaire du Pacte de Varsovie avec elle, en 1990-1991. Ceci n’était ni manifeste, ni ne relevait de la destinée, mais était plutôt le plan fou de certains cercles accros au pouvoir.

Un triomphaliste Président George Herbert Walker Bush admit alors cette « destinée », ou plutôt un programme non déclaré de ces cercles accros au pouvoir, dans un discours prononcé le 11 Septembre 1990 lors d’une session Conjointe3 du Congrès. Bush Sr. fut en effet l'un des premiers ingénieurs de la transformation des Etats-Unis en une machine de guerre mondialiste impériale. Dansson discours du 11 Septembre, Bush proclama que l'Amérique en tant qu’Unique Superpuissance créerait ce à quoi les francs-maçons et d’autres se réfèrent en tant que « Nouvel Ordre Mondial», ou ainsi que le billet d'un dollar américain le déclare en latin : « Novus Ordo Seclorum » [« Le Nouvel Ordre des Siècles »]. Ce nouvel ordre, comme nous le voyons clairement aujourd'hui, est constitué de guerres, meurtre, chaos, haine et vengeance, de négativité partout dans le monde où il pouvait y avoir quelque chose de positif. Ce fut plutôt l'histoire des quelques quarante dernières années depuis que Bush fut nommé directeur de la CIA, et qu'il mit en mouvement la plupart de ces développements, en commençant par l’invasion américaine de l'Irak en 1991.

La Doctrine Wolfowitz.

En Février 1992, le projet [draft] d’une Orientation Planifiée de Défense du Pentagone pour 1994-994, ébauche d'une politique stratégique pour l'après-Guerre froide (l’ère d'une Unique Superpuissance), fut rédigé par le bureau du Sous-secrétaire à la Défense pour la Politique5, Paul Wolfowitz. Connu aujourd'hui comme la « doctrine Wolfowitz », il fut prématurément divulgué par un responsable du Pentagone qui considérait qu’un tel changement radical de la posture de la Défense américaine devrait faire l'objet d'un débat public complet, en particulier lorsque l’"ennemi" principal, l'Union Soviétique, n’était plus l'ennemi. La politique contenue dans ce projet initial, qui est devenu de fait la politique réelle aujourd'hui, fut alors édité [modifié] à la hâte et adouci après être apparu une première fois dans sa forme originale dans les colonnes du New York Times. Sa politique originale fut cependant maintenue jusqu'à aujourd'hui.

La doctrine Wolfowitz originale déclarait en effet que « La mission politique et militaire de l'Amérique durant l'ère de post-Guerre froide devra être de s'assurer qu'aucune superpuissance rivale puisse être autorisée à émerger en Europe occidentale, en Asie ou sur le territoire de l'ancienne Union Soviétique ». Il en appelait à une action en dehors des règles de l'ONU si nécessaire, et pour l'Armée américaine à mener des guerres préventives6 : « Nous allons conserver la responsabilité prééminente en vue de répondre à ces méfaits qui menacent non seulement nos intérêts, mais également ceux de nos alliés...7». A cette époque, Dick Cheney était le Secrétaire à la Défense du Président Bush Sr.

La doctrine Wolfowitz proclama en effet que la mission américaine serait « de convaincre des concurrents potentiels qu'ils ne doivent pas aspirer à un rôle plus grand, ou d’adopter une posture plus agressive en vue de protéger leurs intérêts légitimes8». L’ancien sénateur américain Ted Kennedy devait dénoncer cette doctrine en 1992, la déclarant être « un appel à un impérialisme américain du 21e siècle tel qu’aucune autre nation ne peut ou ne devrait l’accepter ».

Or, cette doctrine Wolfowitz originale est devenue la politique officielle et déclarée sous la présidence de George W. Bush après le 11 Septembre 2001, lorsque Cheney, Wolfowitz, "Scooter" Libby9, Richard Perle, Andrew Marshall et d'autres représentants du noyau dur de ceux que l’on appelle les néoconservateurs américains, ont contrôlé la politique militaire et étrangère. Elle a été connue du public dans les médias comme étant la « Doctrine Bush », ou plus formellement la Stratégie de Sécurité Nationale10 des États-Unis, en 2002. Cette politique justifia alors les frappes militaires américaines « préventives /préemptives » comme celles contre les talibans en Afghanistan ou contre Saddam Hussein en Irak, de même que la promotion américaine des changements de régime qui fut connue sous le nom d’« exportation de la démocratie », au sein des nations du monde renâclant à suivre la ligne de Washington.

Après ISIS, Quoi encore?

En lançant une campagne militaire active en Syrie contre l’EI et les autres groupes terroristes, aux côtés des forces gouvernementales et armées syriennes légitimes, la Russie a accepté ce que je considère comme une énorme responsabilité. Elle vient de déchiqueter la tyrannie unilatérale en vigueur dans un monde régi par la Doctrine Wolfowitz de Washington.

Il est clair ces derniers jours que, loin d'être la nation vaincue et amèrement humiliée par l'Occident après 1990, la Russie à travers son Président, Vladimir Poutine, s'est montrée comme une puissance à prendre très au sérieux. Ceci est nécessaire si le monde veut espérer organiser une alternative pacifique aux guerres que l'OTAN et les faucons du Pentagone sont toujours en train de concocter. Cependant, montrer sa puissance, bien que cela soit nécessaire afin d'établir l'autorité, est loin d'être suffisant. La responsabilité stratégique de la Russie entreprise par ses actions en Syrie, est d'être le catalyseur de la transformation en vue de former une plus grande coalition pour une véritable paix entre les nations et les peuples, respectant les frontières et la souveraineté (à la fois individuelle et celle des Etats), si la Russie et le monde préfèrent enfin s'en débarrasser. A défaut, les actions militaires ne feront que jouer un rôle dans la propagation de la guerre et de la destruction à l'humanité tout entière.

L'intervention militaire russe en Syrie, qui a débuté à la fin de Septembre 2015, semble probablement en mesure de porter un coup dévastateur ou même de défaire les armées de l’EI, du Front Al Nusra / Al-Qaïda en Irak, en Syrie et des autres groupes terroristes islamistes qui ont été définies par Washington comme situant une "opposition modérée" à Bachar al Assad, avec un sens certain de l’euphémisme. De fait, cette intervention signifie la fin de la doctrine Wolfowitz. La Russie a simplement mis Washington devant son propre bluff en Syrie par ses actions militaires.

Le Ministère de la Défense russe lui-même a estimé qu'il faudra une campagne militaire de 3-4 mois pour vaincre les terroristes syriens, ensemble aux côtés des forces armées syriennes officielles, de l'Iran et des autres. Mais la question à ce stade, une fois un semblant de stabilité acquis en Syrie et aussi en Irak, ne sera pas seulement de sécuriser la stabilité afin de reconstruire la Syrie où plus de 9 millions de personnes ont été déplacées. Le défi ultime sera le suivant : quel ordre économique ou quelle matrice émergera au niveau international des cendres de cette guerre? Car c'est cela qui déterminera les possibilités ou pas d'une véritable paix ainsi que l'isolation de la machine de guerre de Washington.

Ici heureusement, la plupart des composants essentiels d'une telle alternative, d'un ordre économique souverain, existe déjà, quoique sous une forme affaiblie. Je parle de la Banque Asiatique d'Investissement pour les Infrastructures [BAII], à Beijing avec à présent 57 membres prospectifs, et la Nouvelle Banque de Développement [NBD] des BRICS (Brésil-Russie-Inde-Chine, plus l'Afrique du Sud), qui est déjà opérationnelle, basé à Shanghai, en Chine. La porte d'une demande d'adhésion à la BAII serait ouverte pour un régime stable en Syrie, ainsi que pour l'Irak. L'Iran est un membre fondateur de la BAII au même titre que la Russie. Ceci, et peut-être une infrastructure de prêts et crédits de la part de la NBD des BRICS, pourrait permettre une stabilisation sur le long terme, répandre une paix mondiale en commençant par les principales zones de guerre nées des Printemps arabes américains. Cependant cela ne suffit même pas encore.

Car le défaut ou le danger réside dans le fait que ces deux nouvelles institutions créent des prêts basés sur le respect du Système Dollar, et opère d'après des règles issues du Fonds Monétaire International [FMI] et de la Banque Mondiale [BM] créés par les États-Unis, apparemment afin de gagner une reconnaissance internationale11.

Le défaut ou le danger est que ces deux nouvelles institutions créent des prêts basés sur le respect du Système Dollar, et fonctionnent selon les règles de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, apparemment pour gagner l'acceptation internationale.

Or, l'ordre d'après-guerre créé par Washington et Wall Street, entre 1944 à Bretton-Woods (concernant l'ordre monétaire Système Dollar) et le 9 août 1945 à Hiroshima puis Nagasaki (concernant l'ordre militaire de ce qu'il convient d'être appelé le Siècle Américain), fut en fait le résultat d'un projet Top Secret financé par les frères Rockefeller12 et leur Fondation exemptée de taxes, connue comme le « Projet d'Etude Guerre et Paix » [« War & Peace Studies Project"13]. Ce projet fut mené sous l'égide du Conseil de New York pour les Relations Etrangères [New York Council on Foreign Relations - CFR], qui était alors un laboratoire d'idées [« think-tank »] politiques dominé par les Rockefeller14.

Depuis lors, la capacité de Washington et du Complexe Militaro-Industriel [CMI15] à oser mener des guerres, a été intimement soutenu par les banques de Wall Street du fait de leur contrôle sur la finance mondiale, à travers leur contrôle du dollar en tant que monnaie principale de réserve mondiale. Je renvoie les lecteurs pour plus de détails à mon livre qui raconte tout cela : « Les Dieux de l'Argent : Wall Street et la mort du Siècle Américain »16.

À présent nous arrivons aux récents problèmes, à la fois en Chine et au sein de la Fédération de Russie. La Chine, dans sa volonté de faire de sa monnaie le Renminbi une monnaie de réserve mondiale, se met en danger d'être finalement plus vulnérable que jamais face aux guerres financiers et monétaires du Trésor américain. Aujourd'hui le Renminbi n'est que partiellement et prudemment convertible en devises étrangères.

Dans le même temps le régime de Xi Jinping a récemment démontré à quel point il peut être vulnérable face à la maîtrise des techniques sournoises de Wall Street, lorsque sa bulle spectaculaire sur le marché des actions de Shanghai et Shenzhen, composée de quelques 90 millions de petits investisseurs chinois naïfs et inexpérimentés, lui a explosé au visage. Ce krach combiné sur le marché des actions à effacé une masse de papiers spéculatifs estimée à quelque quatre ou cinq mille milliards [trillions en anglais] de dollars, en à peine quelques semaines au début du mois de juin dernier17.

Cette catastrophe sur les marchés à forcé une redéfinition à haut niveau de ce en quoi le modèle occidental peut fonctionner en Chine, un correctif sain bien qu'à rebours. L'autre correctif urgemment nécessaire au point où nous en sommes, et de reconsidérer le but de faire du Renminbi une « monnaie de réserve mondiale », aux côtés du dollar américain, du yen japonais, de la livre sterling et de l'euro (les "Quatre cavaliers de l'Apocalypse" des DTS du FMI)18. Car il y a peut-être 10 ans, il a pu sembler être un objectif louable pour la Chine que de voir un jour sa monnaie décorée du statut DTS en tant que monnaie de réserve. Mais aujourd'hui, ces quatre monnaies "cavalières" sont en train d'étouffer sous la dette nationale, engendrant dépression économique, déflation et chômage, qu'il serait difficile de considérer comme des buts auxquels la Chine devrait aspirer.

L'alternative, comme je l'ai suggéré dans mon article précédent, serait l'émission chinoise nationale d'"Obligations du Peuple", adossés par la foi complète et le crédit de la République Populaire de Chine19. Ceci réduirait considérablement le risque pour la Chine d'une répétition des crises financières de 1997 contre les Tigres d'Asie, à l'instigation des États-Unis20.

Un Rouble Souverain.

Pour la Russie, la question grosse comme un gorille de 400 kgs au milieu d'une église, c'est la re-souverainisation de la Banque Centrale russe en tant qu'institution d'État, afin que l'État russe soit capable d'émettre sa monnaie souveraine sans avoir besoin d'être sans cesse obligé de regarder au-dessus de son épaule ce que pense Wall Street, les fonds spéculatifs américains ainsi que leurs agences de notation corrompues.

Aujourd'hui en Islande, après avoir imposé un contrôle strict des capitaux, puis pris le contrôle des actifs des trois grosses banques privatisées ayant causé la crise par des spéculations frauduleuses sur l'immobilier, après avoir aussi poursuivi et mis en prison des personnages clés, incluant un ancien Premier ministre et des directeurs de banque responsables de la fraude bancaire dans ce pays entre 2004 et 2008, le gouvernement est en train de débattre de l'adoption de ce qui serait appelé un «système de crédit souverain », c'est-à-dire une monnaie souveraine.

Toutes les victoires militaires sur le terrorisme en Syrie et ailleurs seront réduites à néant si la Russie, la Chine, et les autres nations désireuses d'œuvrer pour la paix ne regagnent pas leur souveraineté sur le plus vital composant de leur vie économique : le droit d'émettre une monnaie nationale et de contrôler son volume et ses coûts.

L'argent d'une banque centrale privée n'est pas souverain : au contraire il est privé, à l'instar de celui de la Banque d'Angleterre ou de la Réserve Fédérale qui est contrôlé par les banques majeures et non pas par le Parlement britannique ou par le Congrès américain. Ces fournitures de crédit aux banques privées sont déterminées de façon privée, d'après des critères bancaires concernant l'inflation et la valeur des monnaies, non pas en accord avec les besoins en crédits de la nation pour son économie réelle. À leur tour, ces banques privées, sur le fondement de la pratique bien établie de la « réserve fractionnaire bancaire », peuvent créer de la monnaie à partir de rien, à hauteur de quelque onze fois ses réserves officielles en termes de dépôts disponibles.

Or ce Système de la réserve fractionnaire dépend entièrement de la confiance des déposants, ce qui représente en effet un énorme jeu de confiance. La Réserve Fédérale américaine a été forcée d'intervenir après l'effondrement des banques majeures en 2007-2008, et d'imprimer des milliers de milliards de dollars à travers ce que l'on a appelé les "QE" (« Assouplissements Quantatifs » ["Quantitative Easings"]). Ainsi ont été donnés aux banques d'énormes volumes d'argent disponible pour être investis dans de nouvelles bulles sur les marchés des actions, ou dans d'autres entreprises aventureuses partout dans le monde, tandis que la FED reprenait à son compte des actifs plus que discutables. Or tous les cycles de dépression et de croissance économique depuis le XVIIe siècle, peuvent être retracés à partir de ce modèle concernant les réserves bancaires fractionnaires générant son réseau d'intérêts bien compris.

La Russie d'avant les bolcheviques.

Contrairement à la mythologie qui passe pour de l'histoire au sein des universités occidentales telles que Cambridge, Oxford, Princeton ou Harvard, la Russie des années ayant précédé le déclenchement de la Première guerre mondiale, était en voie de devenir une imposante nation économique prospère, quelque chose qui spécialement à Londres n'était pas bienvenu.

Durant la guerre de sécession américaine, le Tsar Alexandre II avait publié un décret libérant les serfs, en 1861. Et contrairement à l'émancipation des esclaves de Lincoln, les serfs russes furent libérés avec la terre. Les 22 millions de serfs ainsi libérés furent alors libres de se diriger vers les villes où ils allaient fournir une force de travail pour l'industrie émergente. En 1881, un groupe terroriste de quelque 40 membres, assassina Alexandre II.

La Russie était en train de devenir puissantes aux yeux des Britanniques. L'assassin venait d'une clique terroriste appelée « la volonté du peuple » (Narodnaya Volya), secrètement financée par les banquiers internationaux de Londres, comme le furent virtuellement tous ces types d'organisations « révolutionnaires » localisées alors en Russie, exactement de la même manière que les O.N.G. du Gouvernement américain d'aujourd'hui financent le Conseil de Coordination de l'Opposition Russe [Russian Opposition Coordination Council], le Parti du Progrès d'Alexandre Navalny ainsi que d'autres groupes dits d'"opposition"21.

Mais malgré la mort d'Alexandre II, la modernisation de la Russie à continué. En 1883, le fils du tsar assassiné, Alexandre III, a poursuivi la libération des serfs à travers la création d'une Banque Foncière d'État permettant aux paysans d'acheter leur propre terre avec des prêts virtuellement sans intérêt. Des voies de chemin de fer furent construites, incluant la célèbre ligne du Transsibérien, l'ambitieux projet d'un grand innovateur économique de la Russie : le comte Sergueï Witte. Witte, qui avait traduit l'économiste national allemand Friedrich List en russe ; était très conscient de ce que la phénoménale industrialisation de l'Allemagne après 1871 devait beaucoup aux idées de List de ses disciples.

Le tsar nomma alors Witte en tant que Directeur des Affaires ferroviaires au sein du Ministère des Finances, de 1889 à 1891. De là, il lança la construction du Transsibérien afin d'unifier le vaste espace de la Russie22. Witte réussit également à obtenir le principe d'une nomination des employés en fonction de leurs mérites, plutôt que de leurs connexions politiques ou familiales.

En 1889, Witte publia un document intitulé «L'épargne nationale et Friedrich List », qui exposait les théories économiques de List, qui justifiait le besoin d'une forte industrie domestique, protégée de la compétition étrangère par des barrières douanières : à l'opposé des régimes actuels de libre-échange de l'OMC, du Partenariat Transatlantique pour le Commerce et l'Investissement (PTCI [Transatlantic Trade and Investment Partnership - TTIP23]) au Partenariat Trans-Pacifique (PTP [Trans-Pacific Partnership -TPP]). Il en est résulté une nouvelle loi douanière pour la Russie en 1891, qui a abouti par sa stimulation à une augmentation spectaculaire de l'industrialisation domestique.

En 1892, Witte en tant que Ministre des Finances, a accéléré le financement pour la construction des voies de chemin de fer, et a conclu par traité un accord permettant le passage de la ligne ferroviaire du transsibérien à travers la Chine jusqu'à Vladivostok. Il a aussi conclu un traité commercial de dix ans avec l'Allemagne. En 1896, il alignait le rouble sur l'étalon-or, et adoptait une loi limitant à 10 heures par jour le travail en usine, ainsi que d'autres lois du travail plus avancées que celles des États-Unis d'alors. La Russie était prospère et en paix avec tous ses voisins, en particulier l'Allemagne et la Chine.

Mais des machinations britanniques en vue de favoriser la guerre russo-japonaise de 1905 puis la révolution qui a suivi en Russie, et au final de manipuler le Tsar afin de l'amener au sein d'une alliance secrète avec la France, qui devait l'amener à terme contre son allié naturel, l'Allemagne, ont abouti à la destruction des énormes développements positifs au sein de la Russie prérévolutionnaire. Wall Street et la City de Londres ont financé Léon Trotsky, Lénine, et la Révolution bolchevique dans son ensemble24, de la même manière qu'il l'ont fait pour Boris Eltsine après 1990, afin de permettre l'ouverture de la Russie au pillage et à la balkanisation menée par des compagnies occidentales outrageusement favorisées.

L'Énorme responsabilité de la Russie.

Aujourd'hui la Russie, en association avec ses pays partenaires au sein de l'Union Economique Eurasiatique (UEEA), de l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), et ses autres partenaires des BRICS ainsi que d'un groupe émergeant de nations du Moyen-Orient, se trouve dans une position unique ne se limitant pas à frapper à mort les terroristes créés par Washington en Syrie. Elle peut aussi la conduire à transformer les fondations d'une stabilité économique mondiale, par la compréhension des vraies possibilités qu'elle a de mettre fin à la tyrannie de l'esclavage par la dette appliquée par les banques privées occidentales et ses Banques Centrales au sein du Système Dollar.

Le patriarcat orthodoxe russe a récemment fait circuler ses propositions en vue de la création de banques sans intérêts basées sur le modèle bancaire islamique. Il y a beaucoup d'idées utiles qui ont été débattues à la suite des brutales sanctions économiques de Washington et de l'UE. Mais aussi longtemps que la Banque Centrale russe adhère aux règles occidentales en matière de Banque Centrale, faisant du contrôle de l'inflation et de la stabilité du rouble l'objet de sa politique monétaire, la Russie au final pourra gagner la bataille pour la Syrie et perdre celle de Russie, ainsi que toute l'impulsion positive qu'elle représente pour le monde25.

Ce à quoi notre monde d'aujourd'hui fait face, va bien au-delà d'une bataille pour la Syrie. Le monde s'enfonce dans des guerres partout, depuis l'Ukraine jusqu'à la mer de Chine du Sud, depuis la Libye jusqu'à l'Europe elle-même sous la forme de flots de réfugiés de guerre, qui sont en train de répandre l'énergie de la guerre. Dans un sens réel, les États-Unis eux-mêmes sont pris dans une guerre de violence qui va en s'étendant, faite de haine raciale et de meurtres. L'Amérique latine et dans un état de guerre au Venezuela, au Brésil et ailleurs: des guerres, bien qu'elles n'en soient encore à présent qu'aux stades économique et politique.

Ce qui est affronté aujourd'hui en Syrie par la Russie de Poutine, c'est l'aboutissement vulnérable, le talon d'Achille d'une vaste intrigue visant à amener tous les pays de l'Union Européenne, la Russie et en dernier lieu la Chine, jusqu'à un état de guerre : en commençant avec les flots de réfugiés islamiques, perturbant l'ordre normal de nations entières comme l'Allemagne, et menaçant aussi la Russie elle-même à travers les tchétchènes et d'autres terroristes islamiques y retournant depuis l'État Islamique, de même que menaçant la Chine à travers sa population musulmane ouïghour26.

De façon sinistre, voici l'inverse des Grandes Croisades qui ont commencées sous le mandat du pape Urbain II après le Concile de Clermont en 1095, qui transformèrent une partie de l'Europe et de l'Empire byzantin, de l'Ukraine et de la Russie27, en des champs de tueries sanglantes ayant jeté les bases de l'âge sombre durant la période médiévale [Medieval Dark Ages2]. Cette fois ce sont les terroristes djihadistes islamistes fanatiques qui se répandent dans l'Europe de l'Ouest, en Russie et jusqu'à la Chine, afin de détruire les institutions ultimes d'une stabilité bâtie depuis des centaines d'années depuis ces Grandes Croisades.

En 1095, le souverain Pontife romain voulait une guerre contre ceux qui avaient causé le Grand Schisme avec Rome en 1054. L'objectif était de capturer Constantinople, le centre du christianisme orthodoxe, d'où à cette époque les monastères chrétiens orthodoxes s'étendaient jusqu'en Syrie. De ceci il a résulté deux siècles et plus de croisades brutales, finalement propagées aux chrétiens européens, sous la forme d'une Croisades des pays chrétiens dits catholiques29 contre les chrétiens orthodoxes de l'Est, ainsi que des catholiques chrétiens en guerre contre l'islam.

La croisade d'aujourd'hui aura peut-être été initiée dès la décision prise par George H.W. Bush et ses soutiens en 1991, visant à lancer la brutale guerre contre l'Irak de Saddam Hussein (opération Tempête du Désert [Desert Storm]). Depuis ce point là, l'Armée américaine s'est trouvée impliquée dans la sale guerre de Yougoslavie depuis 1991, qui entre autres objectifs visait à démontrer que l'UE était impuissante sans le soutien militaire de Washington, et afin de pouvoir clamer que l'OTAN devait perdurer30. Puis vint la guerre des États-Unis de 2001 contre l'Afghanistan, suivie par la guerre d'Irak de 2003, et ensuite les nombreuses guerres pour la "démocratie" qui furent appelées les Printemps arabe après 2010 jusqu'aujourd'hui la Syrie et l'Ukraine.

Si l'on prend du recul sur ces guerres individuelles, et que l'on considère ces événements tels que vus de plus haut, il devient alors clair que le plan diabolique qui se dessine alors derrière ses guerres perturbantes cumulées, spécialement sur les deux dernières décennies, est de détruire l'euro en tant que potentiel rival pour le dollar américain (en tant que monnaie de réserve viable pour l'économie mondiale), ainsi que de détruire toute idée d'une Union Européenne qui serait souveraine et indépendante en terme de politique étrangère et de défense, comme le traité de Maastricht originale de 1992 l'avait mandaté. La seule voie qui aurait pu être celle de l'Europe afin de relever un tel défi face à l'hégémonie américaine, aurait été d'intégrer fermement ses économies, et spécialement l'économie allemande, avec celle de la Russie et de la Chine ainsi que de toute l'Eurasie.

Pour l'Unique Superpuissance, il devint essentiel de détruire toute possibilité d'une Europe indépendante qui aurait pu exister sans être vassale de l'hégémonie américaine. Il devint donc essentiel de détruire l'émergence d'une union économique européenne et de l'euro en tant que menace pour le rôle du dollar américain en tant que première monnaie de réserve, d'où la crise de l'euro autour de la Grèce à partir de 2010.

Il devint dès lors nécessaire de détruire les liens politiques et économiques se renforçant et qui était entrain de croître rapidement avant novembre 2013, entre la République Fédérale d'Allemagne et la Fédération de Russie. D'où encore le coup d'État américain de février 2014 en Ukraine qui força l'UE, au mépris de ses propres intérêts économiques, à imposer des sanctions économiques contre la Russie à l'occasion d'un chantage américain contre l'Allemagne et les autres pays européens après 2014. Ainsi que le remarqua la tête pensante de l'institut Stratfor1, George Friedman, l'un des rares analystes géopolitiques étudiés au sein du sérail [Establishment] des États-Unis, dans son discours du 3 février 2015 auprès du Conseil de Chicago sur les Affaires Mondiales [Chicago Council on Global Affairs - CCGA]2: l'objectif premier de la politique étrangère américaine durant les cent dernières années environ, a consisté dans le fait d'empêcher toute alliance efficace entre l'Allemagne et sa grande excellence économique, et la Russie avec ses vastes ressources et sa profondeur géographique3.

Une étude approfondie de l'histoire peut ainsi nous en apprendre beaucoup quant à la nature des forces auxquelles sont aujourd'hui confrontés la Russie, l'Allemagne ainsi que le reste du monde.

C'est une énorme responsabilité que Vladimir Poutine et l'État russe ont acceptée, lorsqu'ils ont accepté la requête du président Assad afin de l'aider dans sa guerre contre le terrorisme. La clarté dans les objectifs stratégiques, non pas uniquement pour la Russie mais aussi pour la vaste majorité du reste du monde avec lequel la Russie de Vladimir Poutine entretient des relations positives, se trouve être l'étape suivante...

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1 NDT : « War on Terror » fut le mot d’ordre propagandaire des médias américains depuis le 11 Septembre 2001.
2 Ce point est développé dans le remarquable livre de W. Engdahl : « Full Spectrum Dominance » (2009, à paraître en français).)
http://www.usnews.com/news/articles/2013/05/28/bidens-brazil-focus-likely-to-be-energy-experts-say
3 NDT : Joint Session of Congress : réunion des deux Chambres du Parlement américain (Maison des Représentants, [House of Representatives] et Sénat [Senate]), pour des occasions spéciales comme le discours du Président sur l’Etat de l’Union [State of the Union Address] ou les inaugurations présidentielles. Comparable au rare Congrès ponctuel des deux chambres du Parlement français, à Versailles.
4 Defense Planning Guidance for 1994-99.
5 Under Secretary of Defense for Policy. 
6 "Pre-emptive wars". NDT : il est bien question de guerre préemptive et non préventive ici. Trop souvent traduit par « guerre préventive », la notion de préemption au sens du droit latin (pre – emptio, « achat avant ») indique clairement un droit né d’une prééminence, c'est-à-dire d’un privilège de rang. Dans son aspect abusif, le droit (par exemple commercial) la considérerait comme un « abus de position dominante, ce qui correspond exactement à l’idée de la doctrine Wolfowitz ici développée.
7 "U.S. Strategy Plan Calls for Insuring No Rivals Develop" (New York Times, 8 mars 1992). http://www.nytimes.com/1992/03/08/world/us-strategy-plan-calls-for-insuring-no-rivals-develop.html?pagewanted=all
8 Ibid.
9 NDT : Lewis Libby, dit « Scooter » (le fuyant), connu pour l'affaire Plame-Wilson (ou controverse Cooper-Miller-Novak) qui devait le contraindre à démissionner. https://fr.wikipedia.org/wiki/Lewis_Libby https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Plame-Wilson
10 National Security Strategy of the United States.
11 Voir à ce sujet le texte précédent de W. Engdahl (« Le Talon d'Achille de la Chine est sa chance en or » - 14 octobre 2015) : http://www.williamengdahl.com/frenchNeo14Oct2015Full.php
12 NDT : surtout Nelson et David.
13 NDT : tout ceci est raconté dans « Full Spectrum Dominance », précité.
14 "Continuing the Inquiry - War and Peace" (site officiel du CFR) : http://www.cfr.org/about/history/cfr/war_peace.html
15 NDT : En anglais MILIC (MILitary-Industrial Complex). Expression commune depuis le discours d'adieu du Président Dwight Eisenhower (17 janvier 1961), avertissant ses compatriotes des dangers d'une trop grosse influence des industriels du secteur de la Défense : « Dans les conseils du gouvernement, nous devons prendre garde à l'acquisition d'une influence illégitime, qu'elle soit recherchée ou non, par le complexe militaro-industriel. Le risque d'un développement désastreux d'un pouvoir usurpé existe et persistera ». Ce point ne peut être compris sans être relié à la question de l'influence (lobbying) au sein de la politique des États-Unis, caractérisées par les relations très particulières (dite du « triangle de fer » [« iron triangle »]) formées entre les comités du Congrès [congressional committees], la bureaucratie et les groupes d'intérêts (« lobby/lobbies »). Sur la question du CMI : voir aussi l'excellent documentaire autour de la question de la guerre en Irak de 2003 : « Why we fight? » (Eugene Jarecki, 2005).
16 "Gods of Money: Wall Street and the Death of the American Century" (2010, à paraître en français).
17 « Tout placé, tout perdu : des petits investisseurs chinois appellent l'État en aide », RFI, 21 octobre 2015.
18 Voir de nouveau le texte précédent de W. Engdahl (« Le Talon d'Achille de la Chine est sa chance en or » - 14 octobre 2015). http://www.williamengdahl.com/frenchNeo14Oct2015Full.php
19 NDT : nous parlons donc bien d'une monnaie souveraine ici.
20 NDT : Retracé par l'auteur dans « Pétrole, une guerre d'un siècle » (édition Jean Cyrille Godefroy, 2007, chapitre 12).
21 NDT : Rappr : « Russie : alliance électorale des partis d'opposition de Nemtsov et de Navalny » (Le Parisien, 18 Avril 2015). http://www.leparisien.fr/flash-actualite-monde/russie-alliance-electorale-des-partis-d-opposition-de-nemtsov-et-de-navalny-18-04-2015-4705179.php
22 NDT : synthétisé par l'auteur dans « Pétrole, une guerre d'un siècle » (précité, chapitre 3), une source irremplaçable pour espérer comprendre cette époque.
23 http://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/ttip/
24 NDT : de très rares sources françaises ont rendu compte de ces machinations historiquement britanniques, puis anglo-américaines, comme par exemple Pierre Faillant de Villemarest, et ont longtemps « prêché dans le désert » en France. Voir notamment : « Les sources de financement du communisme » (éd. CEI, 1984); également les premiers développements de : « Les sources de financement du nazisme » (éd. CEI, 1984) ainsi que surtout le Tome I de « Exploits et bavures du Renseignement américain » (Famot, 1978). D'autres sources françaises anecdotiques existent, incomplètes mais néanmoins pertinentes (Ex: « Ce que j'ai vu à Moscou », Henri Béraud, Éditions de France, 1925). La question de la rivalité anglo-américaine ne peut être cependant comprise complètement sans dissocier deux points cruciaux : la question du contrôle financier de la Russie d'une part, la question pétrolière d'autre part. Cette rivalité est remarquablement retracée par William Engdahl dans son ouvrage « Pétrole une guerre d'un siècle » (à notre connaissance la seule source traitant de ce point, en tout cas avec autant de pertinence) ; d'autres éléments pourront être uniquement trouvés dans de rares livres anciens comme ceux d'Anto Zischka (« La guerre secrète pour le pétrole », Paris, 1934), ou de Pierre Fontaine (plusieurs livres dont « Les secrets du pétrole », éditions les 7 couleurs, 1963).
25 " Russland debattiert über eine unorthodoxe orthodoxe Alternative" (F. William Engdahl, 1er octobre 2015, Kopp Verlag Online) http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/f-william-engdahl/russland-debattiert-ueber-eine-unorthodoxe-orthodoxe-alternative.html;jsessionid=1B33CDA34A9032DD26F21906F8312B4F
26 NDT : Rappr : la vague d'attentat récente en Chine juste après l'annonce du passage du canal de Suez par des navires chinois au soutien des russes engagés en Syrie (« Spectaculaire série d'attentats en Chine », les Échos, 1er octobre 2015; « Syrie: Chine/Russie s'unissent... », IRIB, 27 septembre 2015).
27 NDT : une référence ici à un point peu connu des lecteurs français : le « Drang nach Osten » (« Poussée vers l'Est ») des Chevaliers Teutoniques contre les slaves, mais également des Polonais vers l'Est (et notamment contre l'Ukraine), relativisant en ce sens toute idée de « guerre contre les slaves » ou bien de « guerre contre l'islam » : par-delà le bien ou le mal, nous parlons ici de guerres pour la conquête ou les ressources comme il y en a toujours eu dans l'histoire des hommes, mais légitimées par des atours religieux...
28 NDT : L'expression « Âge sombre » est davantage employée par l'historiographie anglo-saxonne [Dark Ages]. Souvent d'ailleurs avec exagération, afin d'accentuer le contraste avec la Renaissance, elle revêt cependant une réalité (voir note suivante)...
29 NDT : Souvent mal traduit par "soi-disant", le terme so-called peut aussi bien être neutre (« des chrétiens dits catholiques »), qu'induire une nuance péjorative (« des catholiques soi-disant chrétiens »), induisant ici une autre idée : l'étonnant comportements pour des personnes théoriquement animés des valeurs chrétiennes, consistant à aller massacrer d'autres chrétiens (fussent-tout à fait grotesque ils orthodoxes). Nous avons choisi la formulation la plus neutre, bien que la subtilité de la formulation de l'auteur [so-called Christian Catholic lands] permette d'envisager les deux options, sachant que ce point est développé avec une grande lucidité dans toute son absurdité dans l'introduction du livre de l'auteur « Mythes, mensonges, et guerres du pétrole » (« Myths, Lies and Oil Wars », 2013, à paraître en français]) : les croisades eurent en effet des raisons beaucoup moins légitimes que l'on pourrait croire : elles furent avant tout des « guerres pour les épices » menées spécialement pour le compte de Venise, ainsi qu'une guerre avant tout entre chrétiens qui affaiblit bien plus Byzance (et donc la chrétienté Orthodoxe) que l'Islam. Il est d'ailleurs remarquable de rapprocher William Engdahl, fin connaisseur de l'histoire pétrolière, d'un autre rare initié français du pétrole : Pierre Fontaine, qui évoquait exactement le même point dans « Les secrets du pétrole », précité). 2 auteurs avertis, 2 époques distinctes, mêmes conclusions quant aux guerres menées avant tout pour des raisons commerciales (les épices hier, le pétrole aujourd'hui…) ou d'influence, fallacieusement légitimées par la religion...
30 NDT : point remarquablement développé dans « Pétrole une guerre d'un siècle » (Chap.12, p.264 & s.).
31 https://www.stratfor.com/
32 « Europe: Destined for Conflict? », George Friedman, Stratfor, 2 mars 2015. http://www.thechicagocouncil.org/event/europe-destined-conflict ; « Ukraine : l’impérialisme décomplexé de George Friedman » (Solidarité & Progrès, 19 avril 2015). http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/ukraine-l-imperialisme-decomplexe.html
33 « Stratfor: USA wollen deutsch-russische Allianz verhindern » (Deutsche Wirtschafts Nachrichten, 17 mars 2015).

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